Réforme Bac : Le retour des maths dans le tronc commun en 1ère générale expliqué
La réforme du baccalauréat a engendré des critiques majeures, notamment en ce qui concerne l’exclusion des mathématiques du tronc commun à partir de la classe de Première. Ainsi, les élèves réticents envers cette matière, ceux ayant des résultats mitigés, voire ceux qui ne pensent pas en avoir l’utilité dans leurs études supérieures, pouvaient décider dès la fin de la Seconde de ne plus suivre d’enseignements mathématiques.
Les conséquences se sont rapidement manifestées. Entre 2019 et 2021, on observe une baisse d’environ 5% du nombre d’élèves optant pour les mathématiques. Les filles semblent davantage enclines à abandonner cette matière par rapport aux garçons, et les effectifs déclinent considérablement, peu importe l’angle d’observation (classes sociales des familles, combinaisons de spécialités, etc.). Les établissements d’enseignement supérieur ont très vite fait part de leur inquiétude. Ils se sont adaptés et pour beaucoup, ils proposent dès le début du cursus post-bac des sessions de remise à niveau.
Les effets de la suppression des maths dans l’orientation scolaire
On a souvent conseillé aux élèves de choisir des spécialités qui les passionnent. Ils ont bien reçu le message. Les mathématiques, matière réputée difficile, sont rarement une source de plaisir pour les lycéens. Ainsi, la discipline est celle qui a le plus pâti de la réforme : les élèves osent des combinaisons de spécialité sans maths. Néanmoins, lorsqu’il s’agit de décider des études post-bac sur Parcoursup, la désillusion peut se faire sentir.
Les mathématiques demeurent ainsi, à quelques exceptions près, une matière quasi-incontournable et avoir fait l’impasse dessus peut rendre le parcours post-bac bien plus difficile. D’ailleurs les élèves les plus avisés (ou les mieux conseillés) ont vite utilisé l’option « Mathématiques Complémentaires » dans leur combinaison. Précisions pour les parents qui ne sont pas encore familiers du nouveau bac que, jusqu’à présent, seuls les élèves qui avaient choisi Maths dans un des trois enseignements de spécialité pouvaient opter pour l’option Maths Complémentaires en Terminale.
Les maths reviennent (enfin) dans le tronc commun des enseignements obligatoires.
Le Ministère de l’Enseignement a annoncé la mise en place d’un enseignement mathématique dans le tronc commun, dès la rentrée 2023 d’une durée d’une heure et demie par semaine, pour tous les élèves de Première générale n’ayant pas choisi la spécialité « Mathématiques ». Ces 90 minutes de mathématiques viennent s’ajouter au module « enseignement scientifique », évalué en contrôle continu.
Selon le Ministère, les élèves n’ayant pas choisi de spécialité « Maths » en 1ère pourront grâce à cet ajout des maths dans le tronc commun suivre l’option « Mathématiques Complémentaires » en Terminale. Cette option est largement choisie par les élèves ne se destinant pas à des études scientifiques ou par des élèves envisageant une année de PASS.
La réintroduction des maths dans le tronc commun s’inscrit dans une volonté de revaloriser la matière de plus en plus délaissée par les élèves. Plusieurs mesures doivent voir le jour dès les premières classes de primaire. La parité filles / garçons est attendue à terme dans les voies scientifiques.
Bien que certains puissent trouver cette mesure favorable, je conserve une certaine réserve.
Ma première réserve vient de la manière dans laquelle ces 90 minutes apparaissent et on peut s’interroger sur le réel objectif visé. S’agit-il de :
- Répondre à la pression des parents rassurés par les maths ?
- Répondre à la pression des enseignants de la matière qui voient leurs heures de service diminuer ?
- Répondre aux attentes des formations post-bac ?
- Réconcilier les élèves avec une matière qui souvent fait peur ?
Viennent ensuite les questions de moyens humains et organisationnels mais les lycées et les enseignants ont appris à s’adapter : ils sauront appliquer ce qui est demandé.
Quel impact sur les choix d'orientation scolaire des élèves ?
Concernant la possibilité de choisir une option « Maths Complémentaires », je m’interroge sur une probable disparité de niveau. En effet, comment un élève qui aura suivi 1h30 de cours par semaine pourra-t-il être aussi bien préparé à suivre cette option que ses camarades qui, eux, auront suivi la spécialité « Maths » à raison de 4 heures par semaine ? Je ne suis pas super forte en maths mais je crois bien que le compte n’y est pas !
Il convient également de prendre en compte qu’un élève qui ne choisit pas les maths dans ses 3 spécialités de 1ère fait souvent ce choix parce qu’il est fâché avec la matière. Tous les élèves que j’ai accompagnés et qui ont abandonné les maths parlent de soulagement ou de libération. Ne risque-t-il pas de se retrouver en très grande fragilité en prenant l’option « Maths Complémentaires » en Terminale (possibilité qui, jusqu’à présent le lui était pas offerte) ?
Importance du dossier pour Parcoursup et les candidatures
N’oublions pas non plus l’incidence des notes de l’option dans le dossier Parcoursup et pour les résultats du bac. Et quid de leur poursuite en études supérieures ? L’option « Maths Complémentaires » est choisie par beaucoup d’élèves visant les écoles de commerce. Auront-ils le niveau requis une fois la formation de leur choix intégrée ?
Enfin, je m’interroge sur la lecture du dossier des élèves pour les post-bac. Comment les formations pourront-elles évaluer la progression de l’élève sur la matière puisque, intégrés au bloc « enseignements scientifiques », les résultats propres aux maths ne seront à priori pas séparés des autres disciplines scientifiques.
En somme, je demeure vigilante pour le moment, attendant d’observer les retombées de cette modification de la réforme du baccalauréat avant de recommander, ou non, l’abandon des mathématiques. Bien entendu, pour certains profils l’arrêt des maths est parfaitement adapté au projet. Pour d’autres, je resterai sur mes réserves et comme toujours, je travaillerai au cas par cas.
Surveillons le retour des maths dans le tronc commun et je serai ravie de revenir vers vous dans quelques mois pour discuter de ces évolutions !