Grand Oral: tout ce qu’il faut savoir

Le Grand Oral est une des épreuves du bac dans son nouveau format. Depuis 2021, les élèves des voies générales et technologiques se plient à cet exercice tandis que ceux de la voie professionnelle présentent leur chef d’œuvre.

Avez-vous déjà entendu
parler du Grand Oral ?
Si votre Adorable est en Terminale, c’est probablement un sujet qui revient souvent à la maison .

Table des matières

Ce qu'il faut savoir du Grand Oral

Selon les circulaires de présentations pour les enseignants *, le Grand oral se caractérise par le choix, l’énonciation et le traitement d’une question personnelle, propre à chaque élève en fonction de ses enseignements de spécialité. « L’élève peut ainsi lier ses préoccupations personnelles et sociales, ses engagements, ses réflexions sur l’avenir ». Le Ministère de l’Education Nationale précise que les deux questions choisies par l’élève ne peuvent être de simples questions de cours mais des « questions plus riches qui nécessitent des recherches personnelles et la mobilisation de savoirs et savoir-faire acquis tout au long de la scolarité jusqu’en terminale ». Chaque question (ou problématique) présentée par l’élève doivent l’amener à exposer les enjeux intellectuels généraux du sujet mais également les enjeux celle-ci revêt à ses yeux : « Il importe que le candidat puisse exposer en quoi la question fait sens pour lui »

Les deux problématiques choisies et présentées par l’élèves s’appuient sur ses enseignements de spécialité de Terminale. Ainsi, en voie générale, l’élève peut, au choix, choisir deux questions s’appuyant sur ses deux spécialités (ce qui est, par exemple, possible pour la combinaison SES + HGGSP) ou une problématique par enseignement de spé (dans notre exemple, l’élève aura alors un sujet s’appuyant sur les SES et un sujet s’appuyant sur HGGSP). Pour les élèves de la voie technologique, les deux problématiques s’appuient sur la spé de Terminale.

Une bonne question du Grand Oral répond à 3 critères

  1. La problématique est réfléchie, posée et travaillée de manière personnelle.  Elle est suffisamment motivante pour permettre un engagement pendant plusieurs mois de travail (semaines pour les procrastinateurs). Elle peut être liée au projet d’orientation mais ce n’est pas obligatoire et cela ne fait pas perdre de point si ce n’est pas le cas. Enfin, elle permet d’exprimer un point de vue … sans risquer les polémiques : on évite donc les sujets trop « marqués » !
  2. La présentation de la problématique s’appuie sur une argumentation solide étayée de sources fiables et accessibles à un non expert. L’élève doit être rigoureux sur le lexique tout en étant capable de vulgariser ses propos. Enfin, l’argumentation repose sur un raisonnement construit avec des liens logiques.
  3. Les questions sont liées au programme de spécialités du cycle terminal. Elles peuvent donc reposer sur une ou deux spécialités. Elles permettent d’approfondir un point du programme ou de remettre les connaissances dans un contexte particulier. Enfin, elles doivent permettre à l’élève de mobiliser des savoirs et des savoir-faire.

Organisation de l'épreuve

N’oublions pas le nom de l’épreuve : Grand oral. Elle se veut donc majestueuse avec pour la première fois dans la carrière de l’élève un jury composé de deux personnes. Chaque jury sera composé d’un professeur de matière de spécialité et un autre professeur (qui peut lui-même être prof de spé). Dans l’exemple de notre élève ayant choisi SES et HGGSP, un des membres du jury sera professeur d’une de ces matières et l’autre pourra être prof de tout autre discipline, voire professeur documentaliste. Concrètement, cela signifie que l’élève s’adresse à un expert (le prof de spé) et un non expert (l’autre enseignant). Bien entendu, l’élève ne connait pas la composition de son jury avant l’épreuve.

On parle d’une organisation de l’épreuve en trois temps mais on oublie souvent de parler du temps de préparation en amont de la prise de parole.  

En effet, l’épreuve ne commence pas de but en blanc par la présentation de la problématique. L’élève est d’abord accueilli par le jury à qui il présente la liste de ses problématiques. Il prend ensuite connaissance de celle qu’il devra présenter puis il s’isole pour 20 minutes de préparation. Ce temps peut être utilisé pour remettre ses idées au clair, repenser au déroulé de son propos, renoter les mots-clés ou les définitions importantes, … Ce travail de préparation ne sera pas conservé pour la présentation, celle-ci devant se faire sans note. Une exception toutefois : l’élève peut, s’il le souhaite, présenter un support à son jury comme par exemple une frise chronologique, un schéma ou un graphique, support qu’il aura alors préparé pendant les 20 minutes de préparation. Ce support sera alors remis au jury qui pourra s’y référer pendant la présentation. Lors de celle-ci, l’élève ne pourra pas utiliser le tableau pour appuyer son propos.

Le premier temps de l’épreuve est le temps de développement de la problématique. 5 minutes pendant lesquelles le jury ne peut pas interrompre l’élève et prend des notes pour rebondir ensuite sur le sujet lors du temps d’échange (deuxième partie de l’épreuve). Au cours de cette présentation, l’élève est debout, face au jury, sans note. On jugera tant le fond que la forme de son propos. Après avoir introduit son discours donc présenté sa question, l’élève développe ses arguments puis il conclut son discours avec une ouverture et une phrase de prise de recul. Lors du déroulé de l’argumentation il peut, par exemple, exposer les représentations de départ puis montrer en quoi les sources documentaires peuvent changer les représentations ; présenter des hypothèses et exposer les réponses apportées ou présenter des résultats et expliquer la démarche qui a permis de les obtenir. (Si vous êtes attentif, je viens de vous donner des idées de plan !)

Suivent 10 minutes d’échange avec le jury. L’élève peut alors, selon ce qu’il préfère, décider de s’asseoir ou de rester debout. Il s’agit d’un temps d’interaction fort. Le jury fera attention à plusieurs éléments :

  • La qualité des connaissances du candidat : Sait-il répondre à des questions précises de manière rigoureuse ? S’appuie-t-il sur des exemples précis ? Est-il capable de ne pas « broder » s’il ne connait pas la réponse mais de rester sincère dans sa posture ? …
  • La qualité de prise de parole : il est ici important que le candidat prenne son temps pour répondre et ne se précipite pas. Il peut, par exemple, prendre des notes pendant que le jury formule sa question pour ne pas oublier de répondre à tous les points évoqués. Le jury vérifiera également la manière dont les réponses sont formulées (syntaxe, grammaire, fluidité du propos, utilisation d’un vocabulaire adapté et spécifique, …)
  • La qualité de construction et d’argumentation des réponses du candidat : Celui-ci est-il capable de nuance ? Sait-il accepter la controverse ? Distingue-t-il les faits et les croyances ?, …
  • La qualité de l’interaction : Le jury s’intéresse ici à la posture globale du candidat : Est-il sincère dans sa démarche ? Est-il capable d’écoute ? Adapte-t-il son comportement à la situation ?, …

Vient ensuite le dernier temps de l’épreuve : 5 minutes d’échanges sur le projet d’orientation de l’élève. Celui-ci sera invité à parler de son projet et de ses vœux sur Parcoursup. On pourra lui demander d’expliquer de quelle manière il a fait ses choix de spécialités, en quoi la problématique présentée s’inscrit dans le projet d’orientation… L’élève peut s’appuyer pour étayer son propos sur ses expériences personnelles (stages, travail sur des projets, engagements associatifs, …). Il peut également prendre du recul par rapport à son parcours au lycée : on a le droit de ne pas avoir choisi une problématique qui s’inscrit parfaitement dans la suite de ses études. Je pense par exemple à une ado-rable que j’ai accompagnée qui, certaine de vouloir faire médecine avait choisi des enseignements scientifiques avant de décider de partir en fac de droit. Les sujets du Grand oral ne s’inscrivaient pas du tout dans sa poursuite d’études mais elle a su expliquer qu’au cours des deux dernières années du lycées, son projet d’orientation avait évolué et en présenter les raisons.

En résumé, le Grand oral vient marquer la fin de la scolarité au secondaire de l’élève et le projette vers les études supérieures.

Les raisons de cette épreuve

Pourquoi ce temps d’échange ? Parce que l’oralité est une compétence indispensable et que l’expression orale est plus importante que l’expression écrite. « Bien dire » est une compétence que tous les élèves quittant le lycée doivent avoir acquis. Dès la maternelle, un élève est encouragé à utiliser sa voix : les comptines par exemple sont une première approche de la posture d’orateur. Puis viennent en primaire les récitations : debout, face à son jury (ses camarades de classe), l’élève est invité à poser sa voix, maitriser son stress, faire vivre le texte. Les exposés et présentations diverses tout au long de la scolarité en primaire comme en secondaire sont autant d’occasions d’utiliser sa voix et de développer cette compétence. On observe d’ailleurs que de plus en plus d’établissements organisent des concours d’éloquence ou de déclamation pour encourager les élèves à pratiquer cet exercice qui, pour beaucoup, est très intimidant.

Au-delà des notes et des exercices ou épreuves du bac, l’expression orale est un instrument essentiel au quotidien depuis la déclaration d’amour à l’entretien d’embauche en passant par la présentation d’un dossier de prêt à un banquier ou aux prises de paroles devant ses collègues. Savoir poser un sujet, exprimer un point de vue, rechercher les arguments nécessaires pour étayer son propos et répondre aux questions ou objections est un savoir indispensable à tout âge de la vie et en toute circonstance.

Mes conseils

Le choix du sujet

Fuir la simplicité en choisissant un sujet déjà traité par un ainé ou trouvé sur internet. Ils sont plus ou moins pertinents, parfois polémique (en préparant cet article j’ai trouvé comme proposition d’un grand média pour les élèves de la spé HGGSP « Ukraine : Poutine ou Biden ? » puis « Le conflit israélo-palestinien, une paix est-elle possible ? » … je ne conseille pas de se risquer sur ce type de sujet à moins d’être capable de rebondir à toute position ou contre-argument du jury) et surtout ils sont potentiellement choisis par des centaines d’élèves.

Certains enseignants, par facilité d’accompagnement ou volonté de faciliter le travail de leurs élèves, proposent des listes de sujets. Si c’est le cas de votre Adorable, veillez à ce qu’il ou elle soit suffisamment intéressé(e) par le sujet pour le faire vivre le Jour J. Certes, savoir élaborer pendant 5 minutes une présentation sur « Comment le zéro est-il apparu ? » est intéressant mais seuls les passionnés de maths sauront rendre le sujet vivant.

Savoir se préparer

Tous les grands orateurs le disent : la prise de parole de prépare et l’aisance orale n’est pas innée.  Aucun avocat ne plaide sans avoir préparé ses arguments, ses temps de pause et le rythme de sa prise de parole.  Il faut donc s’entrainer.

Cette épreuve peut se préparer en famille ou entre amis. La première partie ne doit pas être récitée. On peut donc encourager notre Adorable à présenter plusieurs fois son exposé afin que les arguments viennent naturellement. On peut également demander de citer les idées clés dans l’ordre de présentation de l’argumentation, de ne donner que les mots importants, pourquoi pas de scander, chanter ou rapper la présentation ! N’oubliez pas qu’un des jury est non expert et … à de rares exceptions près : vous êtes non expert de la matière. N’hésitez pas à poser toutes vos questions : le jury aura peut-être les mêmes.

La posture est évaluée autant que le propos : il est donc important de parler « avec le corps » : ni trop rigide ni trop expressif. Poser les regard est également important. L’élève devra penser à regarder les deux membres du jury, dans les yeux, ni de manière trop appuyée ni de manière trop furtive. La voix doit également être travaillée : il est indispensable que le jury entende ce qui est dit. Marmonner dans sa barbichette est une attitude à bannir. Les plus timides vielleront donc à s’entrainer encore et encore pour trouver la bonne tonalité. Les gestes sont un éléments de vigilance : il faut éviter les grands gestes inutiles, les balancements, les gestes parasites et les déplacements en long et en large de la pièce. N’oublions pas que dans un échange verbal, 10% du message reçu vient des mots (du langage verbal) quand 90% vient du langage non verbal. Je conseille souvent de se filmer pendant une répétition pour prendre conscience de tous les tics ou défauts et d’essayer de les diminuer.

Enfin, la tenue vestimentaire est importante. Certes elle n’est pas notée mais montrer au jury que l’on a conscience de l’importance de l’épreuve passe par une tenue différente de la tenue de tous les jours. On évite ainsi le survêtement ou le pull « méga confortable » mais tout déformé. Une tenue correcte, chic et neutre dans laquelle l’élève est confortable sera un petit plus apprécié par le jury.

En résumé

Mon temps de préparation avant le Jour J

  • J’apprends à développer mon argumentaire sans « faire du par cœur »
  • Je construis et j’apprends ma phrase d’accroche, mes transitions, ma conclusion
  • Je présente mes problématiques en mode « répétition » à un public varié et différent pour me confronté aux questions des non experts (ma famille, mes amis qui n’ont pas ma spé) et d’experts (mes camarades de spé, mon prof, des professionnels, …)

Je fais attention à : 

  • Ma posture : ni trop rigide, ni trop cool                                      
  • Ma tenue vestimentaire : confortable et adaptée à l’épreuve
  • Mon timbre de voix : le jury doit pouvoir m’entendre sans avoir à tendre l’oreille, je ne parle pas non plus trop fort
  • Mon regard : j’ai la tête haute, je regarde mon jury, j’ai un regard franc

Ma préparation pour la partie non verbale :

  • Mon message est vivant, je ne parle pas de manière monotone
  • Mon message est rythmé : je contrôle correctement ma respiration pour ne pas être essoufflé, j’utilise la ponctuation orale en utilisant des variations de voix. J’utilise les silences pour aider à souligner une idée clé
  • J’évite tous les éléments qui polluent mon message (tics de parole, gestes trop larges, mouvements répétitifs, déplacements …)

Ma préparation pour la partie verbale :

  • J’ai un message clair : quelques idées seulement avec des mots-clés bien choisis
  • J’ai un message structuré : des idées développées une à une avec une progression dans l’exposé
  • J’utilise des connecteurs et mots de liaison
  • J’utilise des exemples, des citations (que je sais expliquer), des ouvrages ou auteurs de références (pour lesquels je peux développer quelques idées complémentaires)

Que travaille-t-on en coaching de préparation ?

  1. La visualisation pour les plus stressés
  2. La posture
  3. Le traitement des questions et des objections
  4. Et bien d’autres sujets qui permettent à l’élève de se sentir au top le Jour J